Chevaux, chiens, chats, NAC ou animaux d’élevage : chaque être vivant a le droit de ne pas souffrir. Le plan gouvernemental de lutte contre la maltraitance animale et d’amélioration du bien-être animal, mis en place en 2018, a, d’ailleurs, été renforcé en 2020 et 2021. En médecine vétérinaire, comme dans les soins quotidiens, supprimer la souffrance animale est au centre des préoccupations des professionnels et des propriétaires. Quelles sont les innovations et nouvelles tendances favorisant le bien-être du cheval ? Quels équipements, pratiques et thérapies alternatives se font jour pour garantir le bonheur des équidés ? Toutes les réponses dans cet article.
Comment évaluer le bien-être du cheval ?
Le bien-être animal selon l’ANSES
“Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal” (Source : ANSES). Cette définition de l’ANSES rejoint celle de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA- World Organisation for Animal Health) qui précise les 5 libertés de l’animal dans le Code Sanitaire pour les animaux terrestres (Article 7.1.2) :
- “Être épargné de la faim, de la soif et de la malnutrition,
- Être épargné de la peur et de la détresse,
- Être épargné de l’inconfort physique et thermique,
- Être épargné de la douleur, des blessures et des maladies,
- Être libre d’exprimer des modes normaux de comportement”.
Si ces définitions légales ont permis de réaliser un grand pas en avant dans la prise en charge de la douleur chez les animaux, l’évaluer n’est pas toujours aisé. Pour le cheval, un outil est, aujourd’hui, unanimement reconnu, permettant aux propriétaires comme aux professionnels de quantifier le degré de douleur d’un équidé.
Le protocole “Cheval Bien-être”
“Cheval Bien-être” a été mis en place dès 2020 mais il a fallu attendre janvier 2022 pour le voir complété par une application numérique. S’adressant aux professionnels et particuliers, il résulte d’une collaboration entre l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation), l’INRAE (Institut National de la Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) et l’Université de Milan.
Construit à partir du protocole AWIN Horse, l’outil permet d’évaluer le bien-être des chevaux dans leur environnement : il ne concerne donc pas les environnements de travail. “Cheval bien-être” repose sur 12 critères à renseigner dans 4 domaines (alimentation, hébergement, santé, comportement) :
- “Alimentation adaptée,
- Abreuvement adapté,
- Confort pour le repos,
- Confort thermique,
- Facilité de mouvement,
- Absence de blessures,
- Absence de maladies,
- Absence de douleurs dont celle induite par les procédures de gestion,
- Expression des comportements sociaux,
- Et 12. État émotionnel positif et autres comportements de l’espèce,
- Bonne relation Homme-animal”.
Chaque indicateur doit être évalué comme “satisfaisant” ou “non satisfaisant” avec parfois une case intermédiaire. Une case “non mesurable” peut être cochée. L’application réalise des calculs selon le profil du cheval (poids, taille, dimensions du box, etc.) à partir des informations renseignées.
Les résultats sont présentés en pourcentages pour tous les chevaux du groupe sous forme de deux graphiques : par domaine et pour l’ensemble des domaines. Un pourcentage important de “non satisfaisant” acte une situation de mal-être chez le groupe d’équidés nécessitant des pistes d’amélioration en collaboration avec le vétérinaire équin.
L’engagement de la filière équine : l’exemple des JO 2024
Dès 2022, un groupe de travail a été mis en place à l’Assemblée nationale sous la présidence de Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, sur la thématique du bien-être équin. Ce groupe a énoncé 46 recommandations pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 à la suite des dramatiques accidents survenus lors des épreuves équestres des JO 2021 à Tokyo. Parmi elles, citons :
- La mise à disposition d’aires de détente pour les chevaux,
- Une taille de box de 4 mètres de côté minimum par cheval,
- Un approvisionnement suffisant en foin,
- Un évitement du serrage excessif des muserolles avec une augmentation des contrôles,
- L’interdiction d’utiliser la cravache plus d’une fois par épreuve et de deux fois à l’échauffement sous peine de sanctions,
- L’arrêt immédiat d’une épreuve à la moindre trace de sang sur le cheval,
- Le changement du planning des épreuves selon la météo (chaleur),
- L’attribution d’un cheval différent par cavalier pour lui éviter de faire plusieurs tours,
- Le tirage au sort du couple cheval-cavalier 24 heures avant l’épreuve pour leur permettre de faire connaissance, etc.
Depuis son élaboration, le rapport du groupe de travail a fait l’objet de plusieurs réajustements de façon à être toujours au plus près des besoins du cheval.
Médecine vétérinaire et technologie
En médecine vétérinaire, comme en médecine humaine, l’utilisation du numérique s’est, aujourd’hui, banalisée. L’objectif est toujours de développer des solutions innovantes afin de réaliser un diagnostic et un soin précoces pour favoriser le bien-être animal.
Téléconsultation
La téléconsultation vétérinaire, mise en place en 2020 en pleine crise sanitaire, est particulièrement adaptée aux grands animaux comme les chevaux qu’on ne peut déplacer en cabinet. Cette consultation vidéo permet le diagnostic et la prescription à distance mais aussi le suivi post-traitement et post-opératoire. C’est un outil crucial pour une prise en charge rapide de l’animal.
Examens digitaux
Avant, le vétérinaire qui se rendait “au chevet” d’un équidé devait, même s’il utilisait un appareil de radiographie portatif, attendre le développement des clichés pour poser un diagnostic. Aujourd’hui, grâce à la radiographie digitale, le vétérinaire obtient les résultats aussitôt la radio réalisée, en extérieur. Il peut, également, pratiquer une échographie sur IPad, interpréter un ECG ou un Holter à distance, analyser un examen sanguin.
Utilisation de l’IA
L’intelligence artificielle a fait son entrée dans le domaine vétérinaire et elle poursuit son avancée. Elle est, aujourd’hui, en capacité de préciser les types de cristaux et de bactéries présents dans un échantillon d’urine ou de détecter des anomalies au niveau des organes sur les radiographies et échographies des équidés (Source : The Vetiverse). Là encore, des analyses plus rapides offrent un diagnostic précoce afin de limiter les souffrances et l’inconfort de l’animal.
Solutions de surveillance
Grâce aux progrès du numérique, il est maintenant possible d’assurer la surveillance vidéo constante d’une pouliche en passe de mettre bas. Mieux, les premiers signes du poulinage sont reconnus par l’IA qui envoie des notifications d’alerte en temps réel. Le propriétaire et/ou le vétérinaire peut ainsi accompagner l’animal et réagir vite en cas de problèmes (Source : Terre et sabots). La recherche se poursuit en la matière car ces solutions de surveillance numérique ouvrent des perspectives dans la surveillance des pathologies du cheval.
La thérapie laser
La thérapie laser vétérinaire est une technique indolore et non invasive qui répond à de nombreuses indications chez le cheval, notamment : l’arthrose, les lombalgies, les tendinites, les contractures musculaires, les fractures et les hématomes. Elle présente 4 propriétés cruciales pour limiter la souffrance de l’animal : anti-inflammatoire, analgésique, bio-stimulante (essentiel pour la cicatrisation) et activatrice de la microcirculation. À noter que le laser peut aussi être utilisé comme un appareil d’acupuncture, le faisceau remplaçant l’aiguille.
Physiothérapie
La physiothérapie n’est pas nouvelle : elle repose sur l’utilisation des agents naturels (eau, air, lumière, etc.). Toutefois, les innovations technologiques permettent de la développer et de l’adapter toujours plus aux besoins des animaux. Ainsi, la tecarthérapie est une technique qui repose sur l’application d’électrodes sur les points douloureux du cheval. C’est une thérapie particulièrement adaptée pour soulager les troubles musculaires, ligamentaires, ostéoarticulaires et tendineux.
D’autres techniques de soin et de rééducation sont en plein essor chez les chevaux comme la cryothérapie, la balnéothérapie ou l’ozonothérapie. La cryothérapie est une méthode de traitement non invasive utilisant le froid qui répond aux mêmes indications chez le cheval.
La balnéothérapie équine rattrape son retard en France face aux pays nordiques et n’est plus réservée aux chevaux de course. Quant à l’ozonothérapie, elle fait preuve de son succès dans le traitement des pathologies du cheval comme les troubles articulaires, ligamentaires et musculaires mais aussi dans le soin des allergies et la lutte contre les bactéries, champignons et virus.
Des thérapies alternatives pour le bien-être des chevaux
En complément des traitements vétérinaires, apparaissent des thérapies alternatives montrant leur efficacité et leur innocuité chez les équidés. Parmi elles, découvrons le shiatsu, l’aromathérapie, l’ostéopathie et l’algothérapie.
Le shiatsu
Le shiatsu équin est le pendant de l’acupuncture mais sans aiguilles. C’est une technique manuelle de soin chinoise qui vise à activer le système nerveux parasympathique en stimulant les méridiens d’acupuncture. Comme cette dernière, le shiatsu équin permet aux chevaux de retrouver un bien-être physique et mental ainsi que leur équilibre énergétique.
L’aromathérapie
Il s’agit d’une méthode de soin naturelle qui repose sur l’utilisation d’huiles essentielles et d’extraits de plantes. Si elle remonte à l’Antiquité, son application au cheval est récente et permet d’apaiser notamment le stress, la douleur, les allergies, les blessures et les problèmes de peau.
Il est, toutefois, nécessaire d’être guidé pour savoir quelle huile utiliser pour son cheval et de suivre les précautions d’emploi. L’huile essentielle de camomille est ainsi recommandée pour calmer le stress et les inflammations. Tandis que l’huile essentielle d’achillée est efficace dans le soulagement des problèmes de peau.
L’ostéopathie
Depuis 2019, l’ostéopathie animale est officiellement reconnue avec les titres d’ostéopathe pour animaux et d’ostéopathe animalier biomécaniste destinés aux professionnels vétérinaires comme non vétérinaires. Depuis, l’ostéopathie équine est devenue une pratique fréquente dans le monde du cheval, séduisant professionnels comme amateurs. Les équidés peuvent ainsi bénéficier d’un apaisement de leurs douleurs, d’une réduction de leurs problèmes de mobilité et d’un suivi spécifique s’ils sont entraînés pour la compétition.
L’algothérapie
L’algothérapie équine repose sur l’utilisation d’algues pour leur richesse en vitamines, minéraux, oligo-éléments et acides gras essentiels. Elle renforce le système immunitaire, favorise la croissance musculaire, protège le système articulaire, régule le fonctionnement hormonal, réduit les inflammations et améliore la santé digestive contribuant au bien-être général du cheval.
Des équipements innovants
Améliorer les conditions de vie du cheval est un des axes majeurs pour favoriser son bien-être. De nombreux équipements sont à l’étude en faveur des équidés tandis que d’autres ont déjà vu le jour comme :
- Les cloisons sociales : elles sont destinées aux chevaux vivant en box. Elles séparent les box tout en favorisant les contacts entre chevaux grâce à des ouvertures du haut en bas. Le cheval peut ainsi passer l’encolure pour entrer en contact avec son voisin.
- Les filets à foin : s’ils favorisent un comportement alimentaire plus naturel, des études sont encore en cours pour évaluer leurs effets sur les gencives, les vibrisses et la santé musculosquelettique des chevaux.
- Le saddle fitting (adapter la selle au cheval) : cette technique a pour but d’ajuster au plus près la selle au cheval pour le confort, la sécurité et la performance du cavalier mais aussi le bien-être, la santé et la motivation du cheval. Elle est donc centrale dans la relation et la communication cavalier/cheval.
La recherche en matière de bien-être animal et, plus précisément, de bien-être équin est loin d’avoir dit son dernier mot. De nouvelles pratiques, de nouvelles disciplines, de nouveaux équipements sont toujours en questionnement pour garantir le bonheur et l’équilibre de votre équidé et faire de vous un cavalier efficace et zen.
Une réponse
Merci, super intéressant 😏