S’il vous arrive souvent de vous sentir débordé, fatigué et chahuté par les évènements du quotidien, il est possible que vous manquiez d’ancrage. Cette notion renvoie à la fois à un état et à une méthode qui s’est popularisée ces dernières années.
L’ancrage est synonyme d’équilibre et d’enracinement tant physiques que psychologiques qui favorisent un état de bien-être. Loin de constituer un simple effet de mode, l’ancrage est un concept ancien introduit par la psychologie comportementale à la fin du XIXe siècle. Il a ensuite été utilisé en Programmation-neuro-linguistique (PNL), méthode de développement personnel qui a vu le jour dans les années 1970. C’est dire que l’ancrage n’est pas quelque chose de nouveau et que la technique a fait ses preuves.
Certaines disciplines favorisent l’ancrage à l’image du yoga qui lui consacre d’ailleurs certaines postures. Découvrez ce qu’est l’ancrage et comment l’appliquer pour vivre mieux.
Une technique bien-être efficace
L’ancrage est une technique proche de l’hypnose visant à susciter équilibre et bien-être. Il s’appuie sur le déclenchement d’un état émotionnel positif exacerbé par la conscience du corps physique et de l’ici et maintenant. Il s’agit de sortir du brouillard mental pour accéder à une force et une sécurité nouvelles favorisées par l’enracinement dans la réalité. La communication avec le monde extérieur et notre monde intérieur s’établit alors d’une manière inédite. Énergie et sensorialité constituent un nouveau langage qui relègue l’intellect au second plan. Il s’agit de ressentir et non plus de réfléchir.
L’ancrage en psychologie comportementale (behaviorisme)
En 1889, Ivan Pavlov, physiologiste russe, découvre les réflexes conditionnés en se basant sur une expérience célèbre consistant à créer une réponse (salivation) chez un chien à partir d’un stimulus à l’origine neutre (une sonnerie). Ce stimulus neutre précède la présentation de nourriture qui fait saliver le chien, et ce, pendant plusieurs répétitions. Il démontre qu’ensuite, seule la sonnerie déclenche la salivation : le chien est conditionné.
Par extension, l’expérience suggère que lors des apprentissages, l’enfant intègre des conditionnements qui peuvent amener des états émotionnels négatifs. Par exemple et de manière caricaturale, un enfant témoin de violences de son père sur sa mère à coups de balai peut développer un état de mal-être important à la vue de tout ustensile de ménage qui l’empêche d’entretenir son logement d’adulte. Il s’agit donc là des premières illustrations d’un ancrage négatif.
Une méthode issue de la Programmation-neuro-linguistique (PNL)
S’il est possible de créer une réponse conditionnée négative, il est alors possible de susciter l’inverse, à savoir partir d’un stimulus positif pour créer un ancrage positif : c’est le postulat de la PNL. Créée aux États-Unis en 1976 par John Grinder et Richard Bandler, la PNL considère que les comportements acquis sont “programmés” : certains sont reliés à des expériences antérieures positives, d’autres à des vécus négatifs.
Selon la PNL, une déprogrammation des comportements aux impacts négatifs est possible. Différentes techniques dont l’ancrage permettent à l’être humain de programmer de nouveaux comportements et états émotionnels positifs afin de quitter des schémas répétitifs d’échec et de souffrance. Schématiquement, l’ancrage en PNL comporte plusieurs étapes :
- Installez-vous dans un lieu calme et dans une position confortable.
- Fermez les yeux pour favoriser l’immersion dans l’expérience mentale.
- Choisissez une expérience unique du passé source d’un extrême bien-être que vous allez réactiver en pensées.
- Revivez en la visualisant l’expérience-ressource et ressentez les effets positifs dans votre corps tout en intégrant les sons et mouvements de l’extérieur. Vous pouvez aussi vous mettre dans la position dans laquelle vous étiez.
- Lorsque vous êtes plongé dans le même état émotionnel que lors de l’expérience-ressource, activez votre ancre : il s’agit d’un geste, d’un mot ou du toucher d’un objet comme un bijou. Évitez les gestes trop usuels que vous faites habituellement dans une journée. L’ancre doit être unique, originale et en même temps discrète pour l’utiliser dans votre quotidien.
- Restez quelques instants dans cette association entre l’ancre et l’état émotionnel ressource.
- Quittez ensuite cet état de relaxation en pratiquant de grandes respirations et ouvrez les yeux.
La répétition de ces étapes permet de renforcer votre ancre et de déployer tout son potentiel. Vous pouvez ainsi retrouver un état émotionnel positif rapidement en cas de stress ou de mal-être.
Comment savoir si je manque d’ancrage ?
Un manque d’ancrage fait de vous une personne plutôt absente, éparpillée, noyée dans ses pensées au détriment du moment présent. La concentration est difficile, la communication limitée ou inadaptée (absence de fluidité, impulsivité, violence, etc.). Le corps marque une certaine fébrilité : maladresses, repli, dos voûté. C’est comme si vous n’étiez pas à la bonne place dans votre propre vie.
Pourquoi travailler son ancrage ?
Travailler son ancrage permet de retrouver un état de sécurité intérieure qui va vous rendre plus fort et donc plus apte à affronter tous les tracas, petits ou grands, du quotidien. Le stress et l’anxiété sont les deux ennemis à combattre dans la société d’aujourd’hui. Tout va très vite et la pression est constante dans tous les domaines de vie.
Être un bon enfant, un bon élève, un bon travailleur, un bon conjoint, un bon parent : ce sont autant d’injonctions qui nous poursuivent tout au long de la vie et provoquent bien plus souvent du mal-être que de la satisfaction. Travailler son ancrage permet de se reconnecter à soi et au monde afin d’accéder à plus de sérénité.
Quels sont les bénéfices de l’ancrage ?
Au quotidien
Les bénéfices de l’ancrage sont nombreux :
- Moins de stress et de déprime,
- Des émotions mieux gérées et donc moins débordantes,
- Une sortie des ruminations mentales,
- Une plus grande ouverture au monde,
- Une meilleure adaptation aux changements,
- Une plus grande confiance en soi,
- De meilleures relations avec les autres,
- Moins de fatigue,
- Plus de peps,
- Un corps plus tonique,
- Moins de douleurs musculaires.
À cheval
En équitation, les bénéfices sont évidents puisque l’ancrage constitue la clé d’un bon équilibre tant physique que psychologique :
- Juste répartition du poids du corps sur le cheval,
- Alignement du centre de gravité du cavalier avec celui du cheval,
- Décontraction du bassin et bonne assise dans la selle (assiette équilibrée),
- Jambes plus descendues,
- Ouverture de la cage thoracique,
- Placement des épaules en arrière,
- Souplesse, fluidité et bonne coordination des mouvements,
- Communication avec le cheval facilitée (transitions montantes et descendantes),
- Augmentation de la confiance en soi,
- Centration sur le moment présent,
- Éloignement des pensées et émotions parasites,
- Bonne gestion du stress,
- Optimisation des performances.
Yoga : une discipline qui favorise l’ancrage
Le yoga est véritablement LA discipline de l’ancrage qu’il concrétise par des postures faisant appel à la verticalité et par des respirations, sources concrètes d’enracinement dans la réalité. Il s’agit de se (re)connecter à l’énergie terrestre afin d’éloigner toute la toxicité des pensées, affects et relations négatives. Tel l’arbre, solidement enraciné, qui prend de la hauteur et déploie ses branches jusqu’à “caresser le ciel”, les postures d’ancrage utilisées au yoga favorisent l’équilibre physique et psychique, l’alignement, la force et la confiance.
Des postures sources d’enracinement
La première et la plus évidente de ces postures est la posture de l’arbre (Vrikshasana), symbole de la verticalité de l’Homme entre le ciel et la terre. Elle se pratique debout, un pied placé contre la cuisse et les mains jointes vers le ciel. Cette posture offre un équilibre et un retour au calme mais aussi une tonification du dos, des épaules et des membres inférieurs qui renforce le sentiment d’enracinement et de sécurité. Concentration, coordination et proprioception sont optimisées et la circulation des énergies est stimulée.
Seconde posture de yoga qui favorise l’ancrage : la montagne (Tadasana). Également pratiquée debout, c’est une posture qui offre une stabilité au corps et au mental, telle la montagne imposante qui subit tous les orages sans broncher. Force et confiance en soi sont boostées. Les pieds sont enracinés, le bassin équilibré, la cage thoracique s’ouvre tandis que les bras sont en rotation externe et les mains ouvertes.
Une troisième posture particulièrement intéressante pour travailler l’ancrage est la posture de la guirlande (Malasana). Elle débute en position debout, pieds légèrement plus écartés que les hanches et les orteils pointant vers l’extérieur. Il s’agit alors de plier doucement les genoux et de descendre le bassin en gardant le dos bien droit et les genoux alignés avec les pieds. Les mains sont jointes sur la poitrine et la respiration est lente et profonde. La posture de la guirlande apporte détente et calme intérieur mais aussi un renforcement des muscles des hanches, des cuisses et de l’aine ainsi qu’un assouplissement des genoux. Elle stimule la digestion et améliore la circulation sanguine.
Le chakra racine
Énergétiquement, le chakra de l’ancrage est le chakra racine (Mulhadara). Il se situe au niveau du périnée, à la base de la colonne vertébrale. Le yoga permet de libérer les chakras qui, par leurs blocages provoquent mal-être et douleurs. Si le chakra racine est équilibré, il favorise un bon enracinement, la santé physique et la fluidité des mouvements. Il offre stabilité, sécurité et force intérieures en même temps que le calme et l’inscription dans le moment présent.
À contrario, un chakra racine excessif peut amener une lourdeur dans les mouvements, des troubles alimentaires, des compulsions et une résistance aux changements. Tandis qu’un chakra racine déficient peut provoquer de l’agitation, des peurs, un manque de concentration et une déconnexion du corps. Certaines postures permettent de débloquer le chakra racine et donc de travailler l’ancrage, notamment : le chien tête en bas, le cobra, la chaise, l’enfant ou la pince assise.
D’autres techniques pour faciliter l’ancrage
D’autres méthodes peuvent vous permettre de travailler sur votre ancrage et retrouver ainsi votre équilibre. La lithothérapie est une pratique visant le bien-être par les pierres. Certaines pierres d’ancrage manipulées ou portées sous forme de bijoux permettraient d’accéder à l’équilibre physique et psychique. Parmi elles, citons l’onyx noir, l’agate rouge, l’hématite ou la tourmaline.
Si vous êtes adepte des odeurs et parfums, l’aromathérapie peut vous correspondre. L’huile essentielle de Cèdre de l’Atlas est particulièrement recommandée pour favoriser l’ancrage au cours de la relaxation et de la méditation. La sylvothérapie fait aussi beaucoup parler d’elle. Pratique ancestrale, elle consiste à se reconnecter avec la nature au travers d’un “bain de forêt” le temps d’une balade ou d’un week-end. La verticalité des arbres présenterait des vertus rééquilibrantes pour l’organisme.
Quelle que soit votre méthode de prédilection, travailler sur votre ancrage vous permet de mieux vivre au quotidien et de devenir un cavalier plus efficace. La sécurité intérieure et l’enracinement constituent, en effet, de formidables atouts pour une équitation épanouie.
Une réponse
Très intéressant. Merci beaucoup